Revue de presse
Les Tablettes des Chanteroels
L’idée du beau dans l’art
X-Stress et Kult (Mai 2005)
Zhou Jinde ou l’idée du beau.
Artiste peintre d’origine pékinoise, l’œuvre de Zhou Jinde est un peu plus connue aujourd’hui grâce aux vitraux qu’il a produits pour la chapelle de Puits d’Ambroise en s’inspirant des tablettes des Chanteroels. Il nous parle aujourd’hui de sa conception du beau.
Lorsque je suis arrivé en Europe, ce qui m’a le plus surpris dans le milieu artistique était l’idée assez étrange et, semble-t-il, totalement incontournable, que l’œuvre d’art devait plutôt éviter de plaire, du moins visuellement et au premier degré. Ce dogme tacite avait son corollaire qui voulait qu’une œuvre picturale, pour être dans la norme admise à ce degré d’acception, ne devait pas non plus être tout à fait laide, ou alors l’ironie qu’elle sous-tendait subtilement devait être suffisamment perceptible (mais pas trop) pour passer sous la toise de ce conformisme de bon aloi : aspect négligé, coulures, dérapages du pinceau, traces, etc. De la peinture pour Bobos…
Pour séduire sans risque, il y avait également la plate neutralité. Mère de toutes les vertus, de préférence emballée dans un concept ad hoc, il était de bon ton à l’époque (les années 80) de la parer du non-faire de rigueur qui l’avait (accidentellement ?) engendré. Je me suis beaucoup interrogé sur cette question. Petit à petit, j’en suis arrivé à penser que je devais m’efforcer au contraire de produire le beau ; celui qu’au plus profond de moi je considère être le mien ; et ce, tout en acceptant l’idée que cette perception a été produite par ceux qui m’ont précédé.
D’où l’idée sous-jacente chère au calligraphe que je reste, de relais, de mémoire et de tradition que l’obligation contradictoire de rupture ne cesse néanmoins de doubler, à la marge …