Les vitraux de Zhou Jinde

Libres Nouvelles d’Alsace (6 Mai 2002)

Inspiré par les fragments de tablettes des Chanteroels auxquels il a pu avoir accès après de nombreuses démarches administratives, Zhou Jinde, plasticien chinois, a réalisé une œuvre singulière en utilisant des techniques utilisées par le laboratoire de recherche des systèmes photoniques de l’institut Louis Pasteur de Strasbourg.

C’est une technique que j’avais déjà expérimentée grâce à une commande française du FRAC. En fait, déclare l’ancien calligraphe pékinois, il ne s’agit pas véritablement de vitraux. Tout ce travail est d’abord photographique avant d’être transformé de façon infographique. Un peu à la façon de Rouault pour ses peintures, je me suis inspiré de l’aspect du vitrail, pas de la méthode. Pour composer le thème (visible, mais illisible) des vitraux de la chapelle du Puits d’Ambroise, Zhou a utilisé des extraits des tablettes des Chanteroels. Ce travail m’a permis de faire se joindre l’essence même de ce qui sépare l’Orient de l’Occident : l’appréhension du monde. La manière de penser, de respirer et d’être est inscrite dans l’écriture des peuples. En Chine, comme en Europe, les gens ne se sont pas trompés sur le sens de cette démarche. Même si la plupart d’entre eux n’ont pas fait l’analyse du processus opposant l’aspect idéographique d’une culture, à la matérialisation phonétique du langage parlé de l’autre. A travers sa projection contemporaine, les uns et les autres ont ressenti où était le lien originel…